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Les pleurs des bébés, ou plutôt les cris des bébés, peuvent vite devenir insupportables. La nature est bien faite quand il s’agit d’alerter les parents, mais tu conviendras que les supporter c’est une autre paire de manches…

Je me souviens d’un coup de fil avec mon copain Laurent, mon fils devait avoir 1 mois, 2 tout au plus. Il me demandait comment se passait ma paternité, les biberons la nuit, les pleurs de bébé, etc. Et là je lui dis que j’ai beau aimer mon fils, il y a des moments où j’ai envie de l’encastrer dans le mur.

A ton avis, quelle a été la réaction de mon copain ? L’indignation ? La colère ? La peur ? Il a appelé l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance) ?

Pas du tout : le soulagement… : “ça fait du bien d’entendre quelqu’un oser dire ça”. Ne pas arriver à calmer le nourrisson quand il pleure, l’entendre te hurler dans les oreilles alors que tu déploies des trésors de patience et que tu as déjà dépassé le paroxysme de la fatigue, c’est très très dur.

Alors aujourd’hui je te fais un point sur les pleurs des bébés :

• pourquoi ils sont si désagréables,
• pourquoi les mecs les entendent moins (et pourquoi ce n’est pas de leur faute),
• à quoi servent les pleurs,
• Il pleure beaucoup c’est grave ? : “pleurs normaux” et “coliques”
• comment on gérait ça avant,
• comment font-ils ailleurs ?
• les bébés secoués
• OK, on prend un peu de recul
• des “solutions” ?
• Je te la fais à l’envers
• un Bonus

Pourquoi les pleurs des bébés sont-ils aussi désagréables ?

Après quelques recherches j’ai découvert que :

• non seulement les pleurs des bébés se situent sur une bande de fréquence sonore similaire aux alarmes,
• et, en plus, ils n’activent pas chez toi le cortex auditif comme la plupart des sons, mais l’amygdale cérébrale.

On passe généralement par différentes étapes émotionnelles avant de tout mélanger :

• d’abord ça inquiète,
• ensuite, quand on a épuisé toutes les possibilités (le change, la nourriture, le rot, etc.) ça fait carrément flipper,
• après, une fois que tu t’es promené en lui chantant des chansons, en le berçant et qu’il continue, tu te dis que tu es un mauvais père parce que tu n’arrives pas à le calmer,
• et quand tu n’en peux plus, de coupable (le mauvais père), tu passes par victime (il m’en veut ou quoi ?) et éventuellement persécuteur (mais tu vas la fermer ?!?)
• Enfin, pour couronner le tout, si ça commence à t’énerver, il le sent et là, il va chercher un second souffle et il te remet ça de plus belle !

Ça c’est en privé, parce qu’en public, tu peux ajouter : le regard des autres… et les conseils. Et le truc le plus injuste, c’est lorsque quelqu’un prend ton bébé dans les bras et qu’il se calme dans la seconde. Et là ça recommence : coupable (le mauvais père) et victime (il le fait exprès pour me narguer !).

Maintenant une bonne nouvelle pour nous les papas : les femmes sont généralement plus sensibles aux fréquences élevées que les hommes. Et les cris des bébés sont dans les hautes fréquences… Les gars, on n’y peut rien si on ne les entend pas la nuit, c’est physiologique ! Désolé les mamans…

Hey les paps’, pas de triche : ne faites pas semblant la nuit de ne pas entendre 😏

Mais à quoi ça sert les pleurs ?

Un bébé ne crie pas sans raison. Les causes des pleurs des bébés peuvent être :

• la libération du stress emmagasiné (accouchement, sur-stimulation…),
• l’assouvissement de ses besoins car il n’est pas encore autonome (faim, sommeil, inconfort…),
• et permettent l’interaction sociale (coucou les parents, il est 4h du matin, ça fait longtemps qu’on s’était pas vu). Et c’est ce dernier point qui semble être la cause principale des cris.

De plus, selon Aletha Solter, psychologue du développement, pleurer permet de réduire la tension psychologique, la pression artérielle, le rythme cardiaque et provoque ainsi une forte relaxation (mais ça c’est que pour lui, pas pour toi). On peut donc dire que les pleurs des bébés sont un phénomène naturel et physiologique qui contribue à rétablir l’équilibre psycho-émotionnel. Te voilà rassuré (ou pas…)

Il pleure beaucoup c’est grave ? : “pleurs normaux” et “coliques”

Et bien d’après le Dr Ronald Barr, les pleurs des bébés augmenteraient durant les premières semaines de vie jusqu’à un maximum au deuxième mois, puis diminueraient et resteraient stables jusqu’au quatrième-cinquième mois de vie. Cela s’appelle «la courbe normale des pleurs». OK.

Et les pleurs excessifs, c’est quoi alors ? Et bien la «règle des trois de Wessel» (rien à voir avec l’éponge ou la gratounette) permet de définir les pleurs excessifs, qu’on appelle aussi coliques, ainsi : «s’il [le bébé] pleure ou s’agite plus de trois heures par jour, pendant plus de trois jours par semaine et pendant plus de trois semaines», alors il y a un problème.

Ce qu’on appelle les “coliques du nourrisson” sont justement cette phase des pleurs excessifs des bébés.

Attention : Même si seuls 5% des pleurs correspondent à l’expression d’une maladie, faites-vous confiance : les parents ont un 6ème sens, de l’intuition : quand vous sentez que votre bébé a un autre problème que ceux évoqués plus-haut, consultez un médecin. Les pédiatres prennent en compte le ressenti des parents pour déterminer s’il faut aller plus loin dans les recherches de causes médicales.

Comment on gérait ça avant ?

Au IIè siècle avant J-C, on prescrivait de l’opium pour calmer les pleurs des bébés. Pratique, non, le bébé défoncé ? Et ça a duré jusqu’à la fin des années 1800 où on pouvait encore acheter des sirops pour enfants à base d’opium aux Etats-Unis.

Au Moyen-Age, on pensait que les enfants qui pleuraient beaucoup étaient possédés par le démon 😈. Tu y as pensé toi aussi, hein ?

Et puis finalement jusqu’au 20ème siècle, on a dit que c’était des caprices. Comme ça, on était tranquille, on appliquait une discipline sévère. Pratique : on n’était ni coupable, ni victime, juste bourreau…

Comment font-ils ailleurs ?

En fonction de la culture et des croyances, les comportements face aux pleurs sont différents.

Dans les sociétés tribales, les parents portent le bébé en permanence dans toutes les actions de la vie quotidienne. Alors que dans nos sociétés dites modernes, les nouveaux-nés sont souvent laissés seuls. Ce qui entraîne chez lui des sentiments d’angoisse et d’insécurité.

Les bébés secoués

Tu as entendu parler des bébés secoués ? Il s’agit de “craquages” de parents qui secouent leur bébé parce qu’ils n’en peuvent plus. Ce geste violent peut laisser des dégâts irrémédiables.

Moi je me la jouais genre “Comment ? Secouer un bébé ? Mais quelle ordure est capable de faire quelque chose d’aussi ignoble ?” Et puis j’ai eu un enfant. Et au bout de 2 semaines j’ai compris. D’où le bas-relief. Je te rassure je n’ai jamais secoué mon bébé (en fait c’est plutôt moi qui était secoué).

—> Je te place 2 liens en fin de l’article sur le site du syndrome du bébé secoué et un post de Papa Chouch sur le sujet.

OK, on prend un peu de recul

Les pleurs du nouveau-né sont :

• un phénomène normal,
• qui permet le bon développement du nouveau-né.

Ils permettent :

• la régulation de sa respiration,
• la libération du stress emmagasiné (On parle aussi de la période des “pleurs du soir” vers la tombée de la nuit, entre 18h et 19h environ),
• l’expression d’un de de ses besoins physiologiques (faim, sommeil, inconfort…),
• et permettent l’interaction sociale (c’est ce dernier point qui semble être la cause principale des pleurs).

Te voilà rassuré de nouveau ? Non, pas du tout ? Tu te dis peut-être : “non mais il est barjo ce mec il me dit que c’est insupportable et que c’est normal, merci pour le cadeau !”

Des “solutions” ?!?

• La 1ère étape consiste à savoir à quoi correspondent et servent les pleurs des bébés (si tu as tout lu jusqu’ici, ça c’est fait 😉),
• La 2ème consiste à accepter que ton enfant a besoin de ses parents pour survivre, évacuer le stress, se rassurer et créer du lien.

Je te la fais à l’envers 😉

Imagine-toi super stressé par un événement tragique… Par exemple tu viens de perdre un super copain dans un accident. Tu vas pleurer, ton niveau de stress va monter d’un coup. Les ressources que tu as en toi ne pourront pas t’aider à tenir ton rôle social bien longtemps et il te faudra trouver un espace-temps où tout lâcher.

Et quand tu y seras, à ce moment-là, tu t’imagines avoir envie d’une tétine ? De musique ? De menace ? De quelqu’un qui te crie dessus ?

Tu auras peut-être envie d’être seul… ? Pas ton bébé… ! (il n’a pas de rôle social à jouer, la chance 😆).

Alors pour supporter les pleurs des bébés et éviter que ton amygdale cérébrale te joue des tours, un conseil : achète des bouchons pour oreilles !

Attention : évidemment, tu ne mets pas des bouchons pour les oreilles pour ne pas l’entendre. Tu les mets quand tu t’en occupes. Ou alors parce que tu as un accord avec sa mère et qu’une nuit sur 2, c’est chacun son tour (ça c’est cadeau 😉).

-> Je n’ai pas lu ce livre, mon enfant n’étant plus un nourrisson. Aussi je ne peux vous donner un avis autre que celui de mon intérêt pour ce type de découverte. Je reste très preneur de vos avis sur ce livre  😊

Et pour finir…

• Je suis,
• tu es,
• il est,
• nous sommes,
• vous êtes,
• ils sont…

TOUS IMPARFAITS !

—> Notre rôle, notre mission, c’est de faire de notre mieux, en fonction de notre état présent.

—> L’essentiel de l’éducation c’est essayer de faire le moins de conneries possible, et accepter d’en faire.

—> Notre rôle de modèle, c’est de montrer un “beau” modèle… :

—> Le plus beau des modèles, c’est celui qui reconnait son erreur, cherche à la réparer et l’utilise pour déterminer comment il s’y prendra dans le futur pour l’éviter.

—> Le modèle parfait n’existe pas : même Superman se fait déglinguer par un petit bout de kryptonite !

Liens

• Bande-annonce du film “Bébés”
• syndrome du bébé secoué
• Et pourtant je l’aimais, le post de Papa Chouch sur les bébés secoués (j’ai versé ma petite larme 😢)

Sources

• Travail de Bachelor of Science HES-SO de sage-femme, Lausanne 2015
• A propos du Dr Ronald Barr
• Cris et alarmes, ces sons pas comme les autres
• Pourquoi les hommes entendent moins les cris des bébés la nuit ?
• Crédits photos : Pixabay & FreeRange Stock